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Lorsque John Milius accepte finalement en mars 1979 de diriger le projet CONAN, se lançant immédiatement dans la réécriture du script très inspirant mais irréalisable d'Oliver Stone (cf. review), le choix du pays qui allait accueillir la production devient rapidement une question de premier plan.

A l'époque des aventures du barbare cimmérien, l'Europe, l'Asie et l'Afrique ne formaient qu'un seul et unique continent : le monde hyborien. La productrice Raffaella De Laurentiis nous rappelle d'ailleurs à ce propos : "Le monde de Conan, c'était l'Allemagne et l'Europe de l'Est" (1); c'est donc en toute logique vers cette région que l'équipe va tourner son attention.

Dans cette optique, John Milius envisage en premier lieu l'Allemagne pour servir de cadre naturel au film, en pensant tout particulièrement au massif montagneux de la Forêt Noire. Il admirait en outre la compétence et l'habileté technique allemande et nourrissait l'espoir d'avoir un jour l'opportunité de travailler dans ce pays (Oliver Stone, de son propre aveu, semble avoir eu la même idée dès 1978, quand il devait lui-même réaliser CONAN).

Oliver Stone : "J'aurais tourné le film dans une forêt luxuriante d'Allemagne et j'aurais montré des créatures se nourrissant de chair humaine : voilà ce qu'aurait dû être ce film!"

A la même époque cependant, la Yougoslavie, qui représentait une autre possibilité, prend peu à peu le pas sur l'Allemagne avant de l'évincer complètement en s'imposant aux esprits de tous comme un choix préférable : le pays offrait en effet une plus grande variété de cadres naturels et de diversité de climats. En outre, suite à plusieurs négociations menées par Dino De Laurentiis, le gouvernement yougoslave avait promis de mettre à la disposition de la production une partie du personnel de son armée pour le tournage. Il ne faut pas négliger l'importance de cet argument à une époque où le script de Milius, toujours dans la continuité de celui de Stone rappelons-le, comportait encore des batailles épiques avec des centaines de cavaliers.

Arnold Schwarzenegger : "La Yougoslavie est un pays que je connais bien, puisqu'il est voisin de l'Autriche où je suis né."

Suite aux répérages fructueux de Ron Cobb, l'équipe du film (sans les acteurs) s'installe donc dans le pays aux environs de mars 1980 (le début des prises de vue étant prévu pour juillet). Après un peu plus de deux mois à travailler sur place, notamment dans les Studios Jadran à Zagreb (en actuelle Croatie), la plupart des sites naturels avaient été trouvés et la construction des décors était sur le point de commencer.

Un certain nombre de problèmes poussèrent néanmoins la production à déménager. L'absence de réelles techniques de production au niveau national de divers matériaux composites modernes, tels que la fibre de verre ou divers types de plastique et mousse (y compris le latex), indispensables à la réalisation de certains décors et accessoires, crée des tensions au sein de l'art department. L'importation en grandes quantités de tous ces produits chimiques s'avéra vite problématique. De plus, il n'y avait là-bas aucune infrastructure appropriée et très peu de techniciens réellement qualifiés pour assurer le moulage sous vide (vacu-forming). L'idée que la Yougoslavie n'était peut-être pas encore prête à accueillir une grosse production américaine dotée d'un budget d'environ 17,5 millions $, ce qui est énorme pour l'époque, commença peu à peu à faire son chemin.

Ron Cobb : "Certains de nos décors requéraient impérativement l'utilisation de la fibre de verre. Tous les autres matériaux de construction, tels que le plastique ou le contre-plaqué, auraient été trop lourds. Les techniques utilisées en Yougoslavie sont assez anciennes et artisanales; ils auraient pu le faire, mais ça nous aurait coûté terriblement cher et il aurait été très difficile (et dangereux) de suspendre aussi haut dans les airs d'autres matériaux que la fibre de verre."

A ces éléments d'ordre technique, il faut adjoindre la mort inopinée du Maréchal/"président à vie" Tito (de son vrai nom Josip Broz), survenue le 4 mai 1980, qui plaça le pays dans une instabilité politique malsaine et mit sans doute un point final à tout espoir de coopération de l'armée (le taux de chômage étant très bas en Yougoslavie, le problème d'une figuration massive se pose à nouveau). Peu de temps après cet événement, la production décida donc de quitter ce pays dans lequel le projet CONAN n'avait que très peu de chance d'aboutir (voir également notre interview de William Stout, qui propose une toute autre explication au départ de l'équipe!).

Ron Cobb : "Les Yougoslaves ont été très déçu, parce qu'ils attendaient beaucoup de ce projet : un film important dans leur pays, etc."

Tandis que Ron Cobb et son équipe se relocalisent momentanément à Rome, les producteurs envisagent plusieurs nouvelles possibilités, notamment la Tchécoslovaquie, la Russie communiste, pays assez fermé au cinéma étranger mais où Dino De Laurentiis a pourtant de très nombreux amis haut placés (il y a notamment déjà produit plusieurs films, dont le superbe WATERLOO de Sergei Bondarchuk (1970), avec une armée française qui marche au pas cadencé très spécial de... l'Armée Soviétique!), le Canada où les charges fiscales s'avèrent cependant vite trop élevées, l'Ouest des Etats-Unis et l'Afrique à en croire Ed Summer (2), et même la Chine selon Bill Warren (3)... sans oublier le Sud de la France (l'architecture des quelques citadelles montagnardes visitées est malheureusement jugée trop "moderne")! (4) L'Italie (les studios Cinecittà, où Dino avait pignon sur rue) est également considérée à ce moment-là, puisqu'une partie de l'équipe s'y trouvait déjà, mais l'activité terroriste des Brigades Rouges alors en pleine ébulition explique en grande partie pourquoi tous optèrent finalement pour l'Espagne.

A l'instar de la Yougoslavie, l'Espagne offrait également une grande diversité de cadres naturels (forêts épaisses et montagnes au centre et dans les Pyrénées, zones désertiques dans le Sud, plaines verdoyantes dans le Nord Ouest, proximité de la mer, etc...). Le pays disposait en outre de techniciens compétents et réputés, aguerris au cours de tournage de superproductions comme LE CID (Anthony Mann, 1961), LES 55 JOURS DE PEKIN (Nicholas Ray, 1963), LA CHUTE DE L'EMPIRE ROMAIN (Anthony Mann, 1964) ou LA BATAILLE DES ARDENNES (Ken Annakin, 1965). Enfin, John Milius jouissait déjà d'une certaine familiarité des lieux puisqu'il y avait tourné quelques années auparavant LE LION ET LE VENT (1975), film épique avec Sean Connery en vedette.

John Milius : "Après m'être rendu dans tous ces autres pays et avoir soigneusement étudié les coûts de production et les conditions de tournage, et comparé avec ce que j'avais déjà appris en Espagne, il s'est avéré que l'Espagne convenait le mieux. J'y avais tourné LE LION ET LE VENT, je connaissais les lieux, les gens et je savais comment ils travaillaient."

Ron Cobb : "J'ai trouvé qu'en Espagne on pouvait réussir à obtenir tous les décors naturels pri­mordiaux, un à un. Il fallait que je sois sûr de mon coup, parce que le déménagement de toute l'équipe en dépendait. Quand j'ai trouvé le site pour la montagne, celui du temple, celui de la demeure de la sorcière, je me suis décidé."

Le tournage est décalé de six mois pour des raisons pratiques (comme le besoin de neige pour la scène d'ouverture) et les premiers membres de la production n'arrivent en Espagne qu'en septembre 1980. Les repérages se poursuivent tandis que débute la construction de certains décors pour que tout soit prêt lorsque le premier clap retentira; John Milius et le gros du cast arrivent quant à eux en décembre de la même année. Entre-temps, à la mi-octobre 1980, une première scène avait déjà été mise en boîte aux studios anglais de Shepperton, à Londres, là même où ALIEN avait été réalisé par Ridley Scott deux ans plus tôt. Dans cette séquence, qui devait à l'origine servir de pré-bande-annonce pour la Noël, on découvrait un Conan âgé, assis sur un trône, récitant une version abrégée des Chroniques Némédiennes de Howard, et invitant ainsi le public à se replonger dans le récit de ses aventures tumultueuses.

En Espagne, le tournage de CONAN LE BARBARE débuta donc le 7 janvier 1981 et se prolongea jusqu'au 20 mai de la même année. Jusqu'au 20 mars inclus, les prises de vue se firent à Madrid et dans les environs (notamment à Cuenca, Ávila, dans la Sierra de Guadarrama et à Talamanca de Jarama). Pour les décors d'intérieurs, la production transforma temporairement en plateaux deux entrepôts proches de la capitale, dont l'un servait autrefois à construire des camions (la Nave, 40 kilomètres au sud de Madrid), ainsi qu'un immense hangar abandonné situé sur la base aérienne militaire de Torrejón de Ardoz.

A partir du 21 mars et ce jusqu'au 9 avril inclus, toute l'équipe quitte Madrid et se dirige vers les régions arides du sud du pays et la province d'Almería, connue sous le nom de "Spanish Hollywood" (notamment à Aguadulce, Tabernas, La Alcazaba, et même plus à l'Est, dans les dunes de Cabo de Gata) avant de se déplacer une nouvelle fois vers Almerimar, où les dernières scènes seront tournées.

Une fois de retour aux States pour débuter le travail de post-production, John Milius avait envisagé tourner quelques plans supplémentaires mettant en scène le retour à Shadizar de Conan et de la Princesse enfin libérée de l'emprise de Doom. Dans cette même séquence, un dialogue entre Conan et Subotai introduisait leur séparation : ils prenaient chacun une direction différente, vers d'autres horizons (plus de détails, ici). Mais pour diverses raisons, cette fin ne fut jamais filmée.

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Dans un soucis de clarté (la chronologie d'un tournage ne correspondant jamais à celle de la succession des scènes dans un film), nous aborderons ici les lieux de tournage de manière plus précise en suivant le déroulement du récit de l'histoire.


  

LE SECRET DE L'ACIER

extérieurs (non utilisés) - A l'origine, on devait voir Conan et son père gravir la montagne avant que ce dernier ne lui confie l'énigme de l'acier. D'après Paul Sammon, des plans d'escalade auraient été tournés sur une chaîne montagneuse à proximité de Madrid (sans doute La Pedriza).
extérieurs (utilisés) - Plans de 2nde équipe des Pics d'Europe (Picos de Europa), massif le plus élevé de la Cordillère Cantabrique.
• "intérieurs" - Décor construit à Torrejón de Ardoz, simulant un sommet montagneux enneigé, avec fond bleu (remplacé en post-production par un ciel nuageux).



  

LE VILLAGE CIMMÉRIEN

extérieurs - Décor construit au lieu-dit "el Cargadero del Minguete" dans les pinèdes de Valsaín (au coeur de la Sierra de Guadarrama), à une vingtaine de kilomètres de Ségovie. 24 ans plus tard, Ridley Scott tournera une scène de KINGDOM OF HEAVEN (l'attaque du campement dans la forêt) à deux pas du même endroit.

Ron Cobb : "L'origine de Conan, au début du film, se passe en Cimmérie. Cette séquence a été tournée dans une clairière en forêt, dans les montagnes juste au-dessus de Ségovie. Il y a là une chaîne de montagnes enneigées, très, très belle, avec une superbe forêt de pins. C'est là que nous avons construit le petit village cimmérien. Nous attendions de la neige, mais il y en a eu au-delà de nos espérances. Nous avons eu une tempête de glace. Le village a été englouti par la neige. Ensuite, avant qu'on ait eu le temps de finir de tourner nos scènes, la neige a fondu. Ca a été un désastre. Nous avons du répandre de la poussière de marbre partout dans la clairière pour simuler la neige."



  

LA COLONNE DE LA TRISTESSE

extérieurs - Localisation incertaine (sans doute Valsaín?).



  

LA ROUE DE LA DOULEUR

extérieurs - Cette structure, tout droit sortie de l'esprit tourmenté de John Milius, est moins isolée qu'il n'y paraît au premier abord. Construite au lieu-dit "La Garganta" (à 28 km d'Ávila, au sud de la Vallée de l'Amblés), la Roue se situe en fait à proximité des villages de La Hija de Dios, Robledillo et Solosancho.

Ron Cobb : "J'avais conçu la structure de la Roue au-dessus d'une fosse qui a dû être creusée au marteau-piqueur dans la roche, et tout était garni de ferronneries. Il y avait un tunnel d'accès sous la fosse, dans laquelle des femmes alimentaient des trémies et mettaient en sacs la farine une fois terminée. On y voit beaucoup de chaînes et de poulies, et d'énormes moules qui auraient pu moudre le grain si les pierres n'avaient pas été faites en fibre de verre, creuses, et donc trop légères. Ceux qui furent chargés de construire le décor donnèrent à tout cela une finition impressionnante : des rondins de bois attachés ensemble, du métal rouillé, vieilli par les intempéries, et des sculptures inquiétantes. Ça émettait même des craquements et des grondements qui étaient un atout supplémentaire considérable."

     

LES COMBATS DE FOSSES

extérieurs - Tournés dans les environs d'Ávila (voir La Roue de la Douleur).
intérieurs - Six fosses différentes furent construites pour cette séquence, probablement à la Nave et à Torrejón.



  

LA GROTTE-PRISON

extérieurs - Localisation incertaine (sans doute la "Cité Enchantée" de Cuenca? - voir La Sorcière).





A L'EST, SUPRÊME RÉCOMPENSE

extérieurs - Tournés dans les environs d'Ávila (voir La Roue de la Douleur). La charrette à boeufs vue dans le film a été prêtée à la production par un fermier du village voisin de La Hija de Dios.



 

LE MAÎTRE DE GUERRE

intérieurs - Localisation incertaine (sans doute un bâtiment du monastère de Talamanca de Jarama? - voir Tavernes).





LA YOURTE DE GUERRE

intérieurs - Certaines scènes tournées lors des premières semaines durent être recommencées par la suite, à cause de la mauvaise qualité de la pellicule utilisée. Celle-ci en fait partie; la version refilmée l'a été dans un abri construit au pied du décor d'Aguadulce (voir La Montagne du Pouvoir).





LA LIBÉRATION

extérieurs - Localisation inconnue.



  

LES LOUPS

extérieurs - Cette séquence, où Conan est poursuivi par des loups (en fait, des chiens sauvages), fut filmée lors des tous premiers jours du tournage (janvier 1980), dans les plaines environnantes de Madrid. (sans doute à La Pedriza de Manzanares el Real, dont on peut reconnaître les formations granitiques).



 

LA CHOSE DANS LA CRYPTE

intérieurs - Décor construit à la Nave, au sud de Madrid.



  

LA SORCIÈRE

extérieurs - Décor aménagé à la "Cité Enchantée" (Ciudad Encantada), à 20 km au nord de Cuenca, le long des gorges du Júcar. Cet endroit, mondialement connu pour le côté insolite de ses formations rocheuses (Conan passe d'ailleurs sous la plus célèbre d'entre elles, le Tormo Alto, sorte de "champignon" de près de 20m de haut, emblème de la Cité) a accueilli de très nombreuses productions depuis les années 60, principalement des westerns spaghetti; il est aujourd'hui transformé en une réserve naturelle.
intérieurs - Décor construit à la Nave.





THÉOLOGIE

extérieurs - Localisation incertaine (peut-être Almerimar?).



  

CONAN ET SUBOTAI EN VADROUILLE

extérieurs - Plans de 2nde équipe tournés dans les zones désertiques de Las Salinas (au nord d'Almería), ainsi que dans les plaines juste à l'extérieur de Madrid.

Ron Cobb : "John m'a donné l'occasion de tourner quelques plans de seconde équipe. Je partais donc dans la nature avec une équipe caméra réduite au strict minimum, et nous allions filmer des images de Conan en train de chevaucher à travers les montagnes, ou certains plans atmosphériques de ses périgrinations. Parfois, nous utilisions des doublures des acteurs principaux. Cela s'avéra une très bonne expérience pour moi."





PREMIÈRE VILLE ZAMORÉENNE

extérieurs - Plan de 2nde équipe tourné avec des doublures. Un décor miniature en trompe-l'oeil, créé par le spécialiste Emilio Ruiz del Rio, est utilisé au premier plan pour transformer et étendre les vestiges d'un ancien fort construit dans les années 70 pour les besoins d'un western américain (EL CONDOR, de John Guillermin, avec Lee Van Cleef et Jim Brown). Communément appelé "Fort El Condor", ce décor se situe dans la Rambla de Tabernas, au nord d'Almería.

Ron Cobb : "En exploitant la vision monoculaire de la caméra, et en calculant soigneusement la profondeur de champ, on peut arriver à superposer sans que ce soit visible une maquette sur un décor de ville restant d'un vieux film. Contrairement à ce qui se passe dans un matte, la maquette de la ville est en trois dimensions, susceptible de recevoir les mêmes éclairages que les bâtiments réels. Nous avons même allumé des feux au sommet des montagnes éloignées, de sorte que l'on ait l'impression que la fumée émane de la maquette. En faisant bouger les gens dans le lointain, l'illusion de la réalité est parfaite."



 

BAZAR / SCÈNES DE RUES

extérieurs - Montage de plans tournés dans le décor du fort El Condor (Rambla de Tabernas), mais aussi à l'Alcazaba d'Almería (notamment, la scène coupée du voleur d'épée). Cette ancienne fortification fut construite à partir du VIIIe siècle par l'émir de Cordoue, à une époque où le sud de l'Espagne était encore occupé par les maures, ce qui lui confère une allure plutôt orientale.

Ron Cobb : "Nous avons dû nous contenter des vieux décors de westerns spaghetti. C'est un peu bi­zarre, mais John a réussi à faire ça et à rester fidèle à l'esprit d'Howard. Nous avons dû utiliser un vieux fort espagnol, décor d'anciens westerns, car construire une ville entière serait revenu trop cher par rapport au budget. Toujours pour des considérations économiques, il nous a fallu nous résoudre à louer des accessoires et des costumes mongols et persans, pour les scènes de foule. Il est facile de se dire que Howard a dû faire la même chose lorsqu'il a mélangé des technologies de l'Age du Fer et de l'Age du Bronze, mais ça m'a quand même ennuyé d'y être obligé."



  

SHADIZAR

extérieurs - A nouveau, un décor en trompe l'oeil signé Emilio Ruiz, incluant (notamment) une maquette du palais du roi Osric à une vue extérieure des murailles de l'Alcazaba d'Almería.

Ron Cobb : "Dans la première version du script, toute l'action était censée se dérouler à Shadizar. Mais comme il aurait été trop coûteux de construire nous-mêmes une ville entière, Milius et moi avons décidé de redécouper la séquence en plusieurs cités. Et nous avons utilisé différents lieux pour simuler ces villes. Quand nous nous sommes mis d'accord pour tourner le film en Espagne, on m'a incité à trouver des décors naturels et à les transformer. L'économie réalisée en ne construisant pas ces décors déjà existants nous permettait de ré-investir l'argent dans des transformations massives et/ou d'en modifier certaines portions. A l'Alcabaza, par exemple, nous avons dû cacher toutes les décorations arabes qui recouvraient les murs."



   

  

LA TOUR DU SERPENT

extérieurs - Les plans où Conan et Subotai rencontrent pour la première fois Valeria ont été tournés au fort El Condor. Pour les plans d'escalade jusqu'au sommet, une portion de l'édifice fut construite à l'échelle 1/1 dans l'immense hangar de Torrejón de Ardoz. La Tour vue en plan éloigné au début de la séquence, et le bassin et les jardins vus en plongée à la fin de la séquence sont des maquettes réalisées par Emilio Ruiz et son équipe.
intérieurs - Décors construits à la Nave (puits d'accès, salle principale où se déroule la cérémonie, "chambre" du serpent et tunnel reliant les deux).

Ron Cobb : "La Tour requérait une plate-forme à deux niveaux avec un temple gigantesque, un puits énorme dans le sol qui était relié à une caverne aux serpents, des colonnes, des passages, des souterrains et des cheminées secrètes... J'ai conçu le serpent et son antre souterrain en proportion d'Arnold. Les galeries souterraines devaient être assez grandes pour qu'il puisse avancer en se courbant, mais pas trop grandes. Le secret consistait à en faire une galerie de forme triangulaire, arrondie. J'avais aussi les couvertures de Frazetta présentes à l'esprit lorsqu'il me fallut décider de l'échelle et de la gamme de couleurs..."



  

TAVERNES

intérieurs - Les deux séquences de taverne furent entièrement tournées dans l'ancienne Cartuja (chartreuse) de Talamanca de Jarama, au nord de Madrid. Construit au XVIIe siècle, ce monastère possède plusieurs bâtiments austères à caractère typiquement agraire. Son grenier du XVIIIe fut transformé en une auberge malfamée pour les besoins de la production.

Ron Cobb : "Ce vieux monastère était célèbre pour son vin. Autrefois, les moines possédaient toute la vallée. Le monastère en lui-même est un vieux et grand bâtiment avec d'étranges pièces et des écuries. Mais tant de films et téléfilms y ont été tournés que l'endroit a été construit, reconstruit, modifié et repeint une bonne centaine de fois! On avait vraiment du mal à voir la structure d'origine. On s'approchait d'un mur, on tapait dessus et on se rendait compte que c'était du contre-plaqué! Sans parler des 500 couches de peintures, toutes de couleurs différentes... Et puis, on nous a montré le grenier. C'était fantastique, une pièce basse de plafond, soutenue par d'anciennes poutrelles partant dans tous les sens. Tout de suite, j'ai pensé "Voilà notre taverne!". Nous avons ajouté un âtre au centre, une cheminée en pierre, des cochons rôtis et toutes sortes d'accessoires. Je suis assez content du résultat."





COUR DU ROI OSRIC

intérieurs - Décor construit dans un des hangars de la base militaire de Torrejón de Ardoz.





LA YOURTE D'AMOUR

intérieurs - Comme pour la yourte de guerre, cette scène dut être tournée une seconde fois, cette fois-ci sur un plateau improvisé dans un parking souterrain en cours de construction, à Almería.



    

LA QUÊTE

extérieurs - Les plans qui composent cette séquence furent filmés à différents endroits du pays, notamment dans la Sierra de Guadarrama (Conan à cheval dans la neige) et dans les dunes de Cabo de Gata, en particulier dans les Dunas de las Amoladeras (rencontre avec la famille sur la charrette, puis avec les pélerins).

Ron Cobb : "J'ai eu aussi mon rôle dans une scène de charge à cheval : tout ce que je demandais, en réalité, c'était les sabots de l'étalon de Conan, passant dans un bruit de tonnerre et faisant jaillir le sable à contre-jour, mais nous avons rapidement découvert que la doublure d'Arnold n'était pas précisément un cavalier émérite... Il ne passait jamais exactement là où la caméra était braquée, bien qu'il ait manqué plusieurs fois me passer sur le corps. Une fois, c'est tout le matériel qui a été piétiné! Mais, en fin de compte, nous avons obtenu la prise."



  

LES MONTICULES FUNÉRAIRES

extérieurs - Côte d'Almerimar (notamment au lieu-dit "Punta Entinas-Sabinar", juste avant que Conan arrive en vue des Monticules).

Ron Cobb
: "En fait, les squelettes des cavaliers qui gardent les Monticules sont les mêmes que ceux que nous avions déjà utilisés dans les décors de la Crypte et de la Fosse du Serpent. Nous les avons un peu arrangés et montés sur les carcasses de chevaux créées par Giorgio Postiglione et son équipe. Un squelette est un squelette! Nous n'arrêtions pas de nous en servir. Pourtant, ils ne m'ont jamais vraiment satisfait. Je trouve qu'on aurait pu améliorer leur look..."



  

LA MONTAGNE DU POUVOIR

extérieurs - Peñon de Bernal, à Aguadulce, dans la Sierra de Gador (près d'Almería, sur l'autoroute en venant de Santa Maria del Aguila).

Ron Cobb : "Le Temple fut l'un des derniers décors construits, et l'un des derniers décors filmés. C'était également le plus grand décor du film, conçu pour pouvoir être filmé selon n'importe quel angle. Les gens pouvaient y entrer et en sortir en plan général et en plan rapproché, comme d'un bâtiment réel. Dans la plupart des films, on arrive à ce résultat en partie à l'aide de mattes. Ma scène préférée est celle où l'on voit la grande procession des 2000 adorateurs de Set défiler dans la vallée vers le Temple situé dans la Montagne du Pouvoir, avec les prêtres en robe. J'avais l'impression que ce décor serait le chef-d'oeuvre du film, et de le voir réalisé de façon si spectaculaire m'a beaucoup enthousiasmé!"



  

LA FONTAINE

extérieurs - Dans une ancienne carrière d'Almería, aujourd'hui condamnée, dite "Cueva de Roque" et située à moins de deux kilomètres du site de la Montagne du Pouvoir.



  

L'ARBRE DU MALHEUR

extérieurs - Zone de steppes côtières de Las Amoladeras (Dunas de las Amoladeras), en bordure du Parc Naturel de Cabo de Gata (situé à l'extrême sud de l'Andalousie, près d'Almería). Dans un endroit tout proche avait été filmée la célèbre scène du déraillement de train dans LAWRENCE D'ARABIE (David Lean, 1962).



  

LES ESPRITS / LA GUÉRISON

extérieurs - Almerimar.

   

CHEVAUCHÉE VERS LA MONTAGNE

extérieurs - Localisation inconnue.



  

LA "CUISINE" / L'ORGIE

extérieurs - Une partie de l'infiltration, lorsqu'ils suivent la "soupe" humaine, fut tournée dans la "Cueva de Roque" (voir La Fontaine), tout comme le passage correspondant de leur fuite, lorsque Valeria affronte les hommes des cavernes de Doom.
intérieurs - Décors construits à la Nave.

Ron Cobb
: "John voulait que le temple soit situé à l'intérieur d'une montagne. J'ai pensé à un mandala avec un sol en contrebas, à une sorte de puits circulaire. John a suggéré un pilier central et j'ai décidé qu'il fallait que ce soit un symbole phallique. Je sentais que la pièce devait être en marbre, et on a fini par en utiliser un de couleur chair, ce qui était adéquat. Il fallait veiller à ce que toute l'action prévue dans cette scène soit possible dans l'espace que nous avions. Pendant le tournage, nous l'avons rempli de fumée et de braseros, et le résultat est plutôt réussi!"



  

LE BÛCHER / LA BATAILLE

extérieurs - Almerimar (voir Les Monticules Funéraires).

Ron Cobb : "Pour créer notre grand décor des monticules funéraires, il a fallu aller chercher des tonnes de sable avec des pelleteuses et des bulldozers. Heureusement, nous étions tout près de la mer. Nous avons donc construit notre propre Stonehenge, avec un tumulus de plus de onze mètres de haut au centre. Des monolithes de pierre (en fait, du polystyrène recouvert de fibre de verre) jonchent le terrain, et chevaux et cavaliers morts assurent la garde de ce cimetière spectral. Des pilotes d'avion qui survolaient ce site s'attardaient pendant des heures : au-dessus de notre décor, ils s'imaginaient avoir découvert un nouveau trésor archéologique!"



  

MORT DE THULSA DOOM

extérieurs - Peñon de Bernal, Aguadulce (voir La Montagne du Pouvoir).

Ron Cobb : "Pour le bouquet final, Nick Allder, qui supervisait les effets spéciaux, a pompé de l'essence dans le Temple et y a mis le feu. Cependant, nous avions encore besoin de la partie inférieure du Temple pour des prises de vue ultérieures, de sorte que nous avons connu des moments de franche panique lorsque Nick a rameuté la caserne de pompiers du coin pour sauver le décor. Nick était planté à côté, avec l'air de s'amuser un peu, alors qu'ils s'efforçaient d'éteindre l'incendie... et n'y arrivaient pas! Tout à coup, il s'est précipité vers le décor, a décroché certains panneaux et leur a montré les points cruciaux de l'incendie avant qu'il ne soit trop tard!"


CONAN ROI

intérieurs - Le dernier plan du film fut aussi, chronologiquement, l'un des premiers tournés, dans les légendaires studios britanniques de Shepperton à Londres, deux mois et demi avant le début des prises de vues principales en Espagne.

 

Dossier réalisé par King Sven
(Remerciements spéciaux à Stark et Octopusmagnificens)

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Sources

(1) CONAN UNCHAINED: THE MAKING OF CONAN (2000), Laurent Bouzereau.

(2) Starlog #30, Janvier 1980; Fangoria #4, Février 1980.

(3) "The CONAN Film - A Status Report", Bill Warren (AMRA, Vol 2, Issue 69, 1980)

(4) "Ron Cobb on filming CONAN THE BARBARIAN" (Cinefantastique - Vol 12, Issue 2/3, avril 1982)


 
 
 

POUR EN SAVOIR PLUS...

CONAN on location in Spain
http://www.western-locations-spain.com/almeria-top-20/conan/index.htm

Tuco Tours
http://www.tucotours.co.uk/cleo_conan_hill.htm#CONAN%20%20THE%20BARBARIAN

Emilio Ruiz del Rio - Rodando por el mundo / CONAN EL BARBARO
http://tertre-rouge.iespana.es/films/Conan%20el%20barbaro.htm

Portalmeria.com - Almería y el Cine
http://www.portalmeria.com/almeria/index.asp?dir=pmir.html

 
 
     
ConanCompletist 2007