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Deux jours de tournage
sur le plateau de ROLLERBALL...
par David Mac Clane

(Première Partie)

 



C'est grâce à l'un de mes amis (Laurent, pour ne pas le citer...) que j'ai enfin pu rencontrer celui qui est probablement le meilleur metteur en scène actuel, l'illustre réalisateur de PIEGE DE CRISTAL et du 13EME GUERRIER : je veux bien sûr parler de John McTiernan! La belle-soeur de Laurent travaille en effet comme attachée de production à Montréal (Québec), et c'est elle qui nous a "branchés" sur une société de casting qui recrutait des figurants pour les besoins de scènes d'intérieur sur le "nouveau film de McTiernan". Tout s'est donc passé en septembre [2000], dans un petit village appelé Blainville, situé dans les alentours de Montréal. C'est là que McTiernan était en train de filmer son remake du ROLLERBALL réalisé en 1975 par Norman Jewison. Le tournage complet des "scènes à figurants" s'est étalé sur environ 2 semaines mais, Laurent et moi étant étudiants, avec toutes les obligations que cela impose, nous n'avons pu assister "qu'à" 2 jours de tournage... Voici donc le compte-rendu de ces 2 journées passées sur le plateau de ROLLERBALL!


PREMIER JOUR
Je dois bien avouer que cette première journée fut quelque peu décevante, vous allez vite comprendre pourquoi... Nous avions donc rendez-vous à 8h00 du matin, sur le site de tournage principal qui se trouvait à environ 30 minutes de route de Montréal. Bien que la production ait spécialement mis en place un service de bus afin de s'y rendre, nous avions décidé de profiter de la voiture d'un ami commun. Nous arrivâmes donc à l'heure, par une belle journée ensoleillée, sur le site d'un vieil entrepôt qui semblait désaffecté, du moins vu de l'extérieur. Nous fûmes aussitôt pris en charge par des "encadrants", qui nous ordonnèrent plus ou moins de nous rendre jusqu'à de grande tentes plantées sur le parking de l'entrepôt. Là, s'amassait déjà une foule importante et nous dûmes patienter pas loin d'une heure, afin de nous faire enregistrer. Déjà, on sentait un certain manque de respect des "encadrants" vis-à-vis de tous ces gens (les figurants) qui étaient, pour la plupart, venus dans le seul but de gagner facilement un peu d'argent.

Une fois ces pénibles formalités accomplies, on nous indique une autre tente, piquée juste à côté de la première, et dans laquelle nous allions recevoir notre costume. Là encore, cette désagréable impression d'être traité comme du bétail... Après une nouvelle attente, nous passons devant le costumier, qui nous regarde rapidement de la tête aux pieds et proclame que nous sommes parfaits en l'état et que, par conséquent, nous n'avons pas besoin d'être "habillés"! Ce qui fût quand même un brin insultant, vu que la scène du jour était censée se situer dans un pays de l'ex-URSS (le Khazakstan, je crois) : de toute évidence, nous devions naturellement avoir l'air d'ouvriers! Tout au moins dans notre façon de nous habiller. Pour la forme, on nous prête quand même un béret...

Ensuite, on nous regroupe à l'extérieur de la tente et on nous accompagne jusqu'au bâtiment qui renferme le plateau. Sur le pas de la porte, on nous explique le déroulement de la journée, et on nous donne quelques consignes d'usage : bien obéir aux instructions, ne pas fumer, ne pas se promener partout, etc. Autre consigne : les détenteurs d'un laisser-passer bleu doivent emprunter la voie de gauche, vers le haut des escaliers, tandis que les autres (dont nous faisons partie) doivent emprunter celle de droite. Puis, enfin, on nous fait rentrer...

... dans un hall, avec un alignement de guichets, comme dans une gare. Pupitres garnis de tickets de jeu estampillés du logo "Rollerball", fausses affiches publicitaires de marques connues et inconnues (le film se déroule dans un futur proche...), panneaux indicateurs agrémentés d'inscriptions russes qui semblent indiquer l'état des paris : nous avons à peine le temps d'en voir plus que, déjà, on nous presse de rejoindre le plateau principal, que nous atteignons après avoir gravi une nouvelle volée de marches...

Et là, c'est magique et décevant à la fois... Magique, parce que, pour ma part, c'était la première fois que j'assistais à un tournage. Et décevant, parce que tout m'a soudain semblé petit, tassé et laid (comparativement au souvenir que j'avais gardé des décors du premier ROLLERBALL). Mais ce n'était qu'une première impression...

Je vais essayer de décrire ce fameux plateau : il consiste en une piste en béton, non pas circulaire mais en forme de 8, de couleur orange et blanche, avec de multiples bosses et tremplins. La piste est fermée sur tout son contour par de grands et épais panneaux de plexiglas. A l'intérieur de chaque boucle du 8 se trouvent 2 surfaces qui contiennent un escalier (qui descendait on ne voyait pas où...), et, surmontant cet escalier, une sorte de passerelle cylindrique en plexiglas et métal peint en gris, atteignable grâce à une petite échelle.

Les figurants n'avaient bien sûr pas le droit d'accéder à la piste : nous étions consignés aux gradins. Il y a également 2 cabines, de part et d'autre du croisement du 8 : celle qui renfermera plus tard les acteurs jouant les grands pontes (avec, parmi eux, Michael Tadross, le producteur du film!) et, en face, le box des musiciens (un groupe joue en effet de la musique pendant chaque match; son leader porte une barbe assez impressionnante et la chanteuse, qui a l'air asiatique, est très sexy!). Devant ce dernier box se trouve ce qui ressemble à 2 potences se terminant par 2 grandes coupoles de couleur bronze : je suppose que ce seront les buts. Surplombant la piste, un grand panneau indicateur à 4 faces vertes, où seront sans doute incrustées en post-production des images du jeu ou autre. Et, encore au-dessus, une myriade de projecteurs, accrochés à des rampes fixées au plafond. De ces rampes pendent également 4 énormes banderoles à l'effigie des équipes de joueurs. Tout autour, enfin, des gradins en bois encerclent la piste...

De nombreuses personnes sont déjà là quand nous arrivons et nous tâchons de nous trouver de bonnes "places", autrement dit des places depuis lesquelles nous pourrons bien observer l'équipe technique, bien sûr, mais aussi et surtout McTiernan! Tels des gamins invités à la fête foraine, nous ne perdons pas une miette de ce qui nous entoure... Mais, bien vite, l'attente se fait pesante, malgré le show des cascadeurs en rollers ou en moto censé nous faire patienter. Midi passe et toujours rien n'est arrivé (pas même une petite collation, qu'on nous promet pour 15h00!). Comble de désespoir, nous entendons de l'animation dans le hall que nous avons traversé ce matin : Mc Tiernan est visiblement en train d'y tourner alors que nous, nous sommes là, assis à ne rien faire depuis maintenant 4 bonnes heures! Comme promis, les plateaux repas arrivent à 15h00, consistant en des sandwichs qui, bien que médiocres, sont les bienvenus. Après ce "repas", nous nous attendons enfin à de l'action, et c'est effectivement ce moment que choisit McTiernan pour faire son entrée!

Et, le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il n'a pas l'air commode du tout! Durant cette première journée, jamais nous ne l'avons vu sourire ou, au moins, avoir l'air content d'être là.

Nous devions donc jouer la foule des spectateurs du jeu. Les "encadrants" placent les figurants selon les directives du réalisateur, et, par bonheur, on nous place juste devant la piste! Tandis que les cascadeurs arpentent le circuit, on nous fait jouer la colère, puis la déception, puis le rire, plusieurs fois de suite. On nous fait ensuite nous déplacer selon des directives précises, afin de donner une certaine "vie" à cette foule. McTiernan, lui, est tout seul dans son coin, à faire la gueule devant ses moniteurs de contrôle. Il a l'air de s'emmerder royalement. Il ne participe pas à l'organisation, répond à peine aux personnes qui lui parlent... Il reste juste là, dans la pénombre. Bien sûr, je ne suis pas dupe, je sais que ses journées de tournage doivent être extrêmement planifiées et que, par conséquent, il n'a pas grand-chose à faire sur ce genre de scènes, si ce n'est superviser.

Arrive 21h00 et l'arène commence à se vider, mais nous avons envie de rester car nous avons appris qu'une scène va se tourner juste à côté, avec l'acteur principal, Chris Klein (le musclé de AMERICAN PIE). Le voici d'ailleurs, qui vient prendre un bain de foule et signer quelques autographes, avec le sourire. Il paraîtrait que Rebecca Romijn-Stamos devrait venir elle aussi, mais elle a dû changer d'avis car personne ne l'a vue. Puis, de façon inespérée, McTiernan descend dans l'arène et entreprend de diriger 3 caméras numériques : l'une, montée sur un long bras qui balaye une grande partie de la piste, l'autre, montée sur un chariot à même le circuit, au sol, et la dernière, enfin, montée sur la passerelle que j'ai décrite plus haut. Bizarrement, on dirait qu'il s'arrange pour qu'elles se filment mutuellement : ça sera sans doute un plan à effet optique, mais le but final m'échappe un peu.

Après ça, nous nous dirigeons vers le prochain plateau de tournage, qui jouxte l'arène : un long couloir où l'on a vaguement reconstitué un marché, avec ses stands de grillades et de boissons... La viande est vraie mais je ne me serais pas risqué à y goûter vu la couleur! Perpendiculairement à ce couloir, un autre couloir sera vraisemblablement le site de tournage du prochain plan. Un cameraman équipé d'une steadycam fait son entrée : ça s'annonce bien! Malheureusement, notre chauffeur se sent fatigué et... nous devons partir! O, rage! Juste au moment où ça devenait intéressant! Direction, donc, les guichets de paie, où on l'on nous fait confirmer notre adresse afin que nous recevions bien notre salaire de la journée, soit 90 $ canadiens (environ 450 Frs) plutôt facilement gagnés!

Bien que cette journée ait été globalement intéressante, nous sommes quand même restés sur notre faim : nous en espérions davantage venant de McTiernan! Nous nous promettons donc d'organiser une autre journée, afin de confirmer ou d'infirmer cette impression mitigée. Après un coup de téléphone, voilà notre mercredi suivant de réservé!

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