SOURCES : Conan DVD, "Arnie's First...", "The Price of Gas", Starlog, The Films of Arnold Schwarzenegger.
COMMENTAIRE AUDIO : Oui.
NOVELIZATION : Non.
COMIC BOOK : Oui. [1]
FILMÉ? : Oui
DERNIÈRE MISE À JOUR DES ANNEXES : ---

 
 
Documents, images et remarques supplmentaires
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John Milius l'explique dès les premières minutes de son commentaire audio :

 
  "Tout devait être raconté par Arnold. J'ai toujours pensé que ce serait mieux, raconté par lui. Mais certains dirigeants, à Universal, ne lui faisaient pas confiance. Ils disaient : "Il a un accent!" Et moi: "Bien sûr qu'il a un accent, c'est justement ce qui le distingue!" Finalement, ils nous ont fait mettre cette autre voix off [celle de Mako]. Mais imaginez comme ce serait bien [avec la voix d'Arnold à la place]..."  
 
   


Et, plus tard dans le film :

 
  Milius: "[Le Sorcier (image 1)] explique beaucoup de choses, donc il faut que ce soit bien clair. Mais ce n'est pas lui qui devait être le narrateur, mais Arnold. Il y a très peu de voix off, bien sûr..."

Schwarzenegger
: "Mais ils ne croyaient pas que je pouvais le faire assez bien et que tout le monde me comprendrait. Il y avait tout un conflit au sujet de mon accent. Que si on ratait des informations dans la voix off, on ne comprendrait plus l'histoire."
 
 
 
     

L'anecdote est connue, mais elle mérite d'être reproduite ici : lors de sa toute première entrevue avec Dino De Laurentiis (pour les besoins du casting de FLASH GORDON), Schwarzenegger (après avoir fait son célèbre commentaire sur un "si grand bureau pour un si petit homme?") se vit reprocher par le producteur italien son fort accent autrichien. Ce à quoi il aurait répondu : "Un fort accent, moi? Je n'arrive même pas à VOUS comprendre!", avant d'être prié de prendre la porte. Ce qu'on sait moins, c'est que la voix du comédien finalement choisi pour interpréter le all american hero Flash Gordon (Sam J.Jones) fut entièrement remplacée en post-production par celle d'un autre acteur, jugée "plus virile"! [2]    
   
La voix de Gerry Lopez, qui incarne Subotai dans le film de Milius, connut du reste le même sort (mais pour des raisons différentes), puisqu'elle fut entièrement remplacée par celle de Sab Shimono [3].

Un certain Wampyrii, dans sa critique du film trouvée sur www.ciao.co.uk, suggère que Schwarzenegger a échappé de peu à un traitement similaire :

 
  Ironiquement, après avoir casté Arnie dans le rôle principal, les peurs initiales de De Laurentiis se révélèrent bien fondées quand il découvrit que la plupart des répliques prononcées par le géant autrichien étaient inintelligibles : elles furent donc coupées du film et certaines autres furent doublées afin que les spectateurs soient au moins capables de les comprendre.  
 
     
Milius
réfute pourtant cette rumeur (et apporte une précision d'importance au sujet du très controversé "doublage" de Gerry Lopez) dans cet article issu du n°6 de Jack Magazine :

     
 
  Au final, Dino De Laurentiis souhaitait remplacer toutes les lignes de dialogues de Arnold et Gerry en post-synchro, et Milius ne gagna cette bataille qu'à moitié : "Une connerie de plus à créditer à l'actif de Dino! Comme il me détestait et qu'il avait perdu le contrôle du film, il a rameuté les gars d'Universal, qui ont décidé de garder la voix d'Arnold mais nous ont forcé à redoubler Gerry, ce qui fut une vraie perte de temps. Grâce au concours d'un ingénieur du son, j'ai réussi à dénicher un type qui avait exactement le même timbre de voix que Gerry. La voix de Subotai n'est donc pas celle de Gerry, mais au moins elle lui ressemble."  
 
     
Le texte d'ouverture de CONAN, LE BARBARE (inspiré des fameuses "Chroniques Némédiennes" de Robert E. Howard) est donc récité par Mako, et non Schwarzenegger : "Entre l'époque où les océans ont englouti l'Atlantide et l'avènement des fils d'Arius, il y eut une période de l'histoire fort peu connue dans laquelle vécut Conan, destiné à poser la couronne d'Aquilonia ornée de pierres précieuses sur un front troublé. C'est moi son chroniqueur qui seul peux raconter son épopée. Laissez-moi vous narrer ces jours de grandes aventures..."


Ce qui, dans la bouche de Conan, aurait pu donner quelque chose comme :

     
             

Sache, O Prince, qu'entre l'époque où les océans ont englouti l'Atlantide et l'avènement des fils d'Aryus, il eut un âge dont personne n’ose rêver... C'est alors que j'apparus, moi, Conan, voleur, brigand, assassin, destiné à fouler aux pieds les trônes sertis de joyaux de la Terre entière. Mais le voile de l'obscurité s'abaisse maintenant devant mes yeux. Asseyez-vous donc près de moi, vous qui n'avez pas encore vécu, et laissez-moi vous narrer ces jours de grandes aventures...
           
             
      ...si l'on se fie à la seconde version du script signée par Milius et datée de Novembre 1980. Cette narration en voix off par Schwarzenegger a-t'elle jamais été enregistrée et testée dans une version primitive du film? Difficile à dire. Mais il est fort probable que oui. Du moins, en partie. [4]
.
     
      L'un des dessins de production (image 2) tiré des carnets du costumier John Bloomfield (présent dans les "Archives" du DVD) nous montre en effet Conan assis sur une sorte de trône, tenant une lance, et porte la mention "Conan prologue"; le dessin rappelle évidemment l'image finale du film de Milius (image 3). Est-ce à dire que ce dernier plan devait à l'origine ouvrir le film? [5]

Dans le commentaire audio, le plan en question est ponctué par une remarque de Schwarzenegger ("Ah, voilà le plan qu'on a filmé en Angleterre!") qui mérite peut-être quelques explications.
 
     

Le 10 octobre 1980 (soit trois mois environ avant le début officiel du tournage), l'acteur s'est effectivement rendu aux studios Shepperton de Londres, pour y tourner pendant 3 jours une pré-bande-annonce du film. Ce teaser devait être projeté avant FLASH GORDON, aux alentours de Noël, ce qui n'arriva finalement jamais, pour des raisons inconnues. On y aurait vu un Conan vieillissant, roi d'Aquilonie, inviter le spectateur à découvrir le récit de ses premières aventures. Il est généralement admis que l'image qui clôture désormais le film (ainsi que sa suite) provient en fait de ce trailer resté inédit.
     
Le teaser ne figure malheureusement pas parmi les bonus du DVD, mais on retrouve (toujours dans la section des "Archives de Conan") quelques clichés issus du tournage londonien
(cf. annexes). Il est à noter que Conan porte la barbe sur certains, et pas sur d'autres (le Conan qui apparaît à la fin du film est barbu). J'avais d'abord pensé que ces différences provenaient simplement d'une séance de photos promotionnelles posées (au cours de laquelle différentes compositions auraient été testées) : avec ou sans barbe, avec ou sans épée, avec ou sans brume enveloppante, avec ou sans manteau de fourrure sur ses épaules, avec ou sans esclaves lascives se traînant à ses pieds, prenant la pose du Penseur de Rodin (images 4 et 5) ou pas (pose que Schwarzenegger reprendra plusieurs fois au cours du film, près de la Princesse enchaînée avant la bataille finale, ou bien sur les marches du palais de Thulsa Doom).

     
     
  Un petit détail me fait pourtant croire que toutes ces alternatives ont en fait bel et bien été filmées par Milius, et pas simplement "photographiées" (à de seules fins publicitaires) : le plan final de CONAN, LE DESTRUCTEUR. On lit encore ici et là qu'il s'agit du même plan que celui qui clôture CONAN, LE BARBARE, mais c'est complètement faux, comme le révèle bien vite une petite comparaison entre les deux images (image 6) (on remarquera notamment la présence ô combien problématique de l'épée du père aux côtés du roi Conan dans la seconde version [6]). [7]      
     
Dans le numéro 44 du magazine "Starlog", daté de mars 1981, figure une photo de Conan assis sur son trône. En guise de légende, on peut lire :

     
 
  Sur cette première photo de production, tirée de la scène d'ouverture du film, on découvre Arnold Schwarzenegger couronné et pensif, interprétant un Conan vieillissant. Il songe à la revanche qu'il doit prendre sur Thulsa Doom, grand prêtre de Set qui tua de sang-froid le père et la mère de Conan. Il s'adresse au spectateur et lui parle d'un "âge de légende... et des jours de grandes aventures..."  
 
     
Le doute n'est donc plus permis : à l'origine, le film devait s'ouvrir sur un plan du Roi Conan, sans doute un lent travelling avant se rapprochant progressivement de son visage marqué par le passage des années. Par soucis de symétrie, le film se terminait évidemment par l'exact mouvement inverse (lent travelling arrière s'éloignant progressivement du personnage). On peut d'ailleurs se demander si ce n'est pas le même plan qui était utilisé dans les deux cas (simplement passé à l'envers) : preuve en est la durée de l'écran noir sur lequel débute désormais le film, qui correspond exactement à la durée actuelle du plan final sur le Roi Conan (soit 34 secondes)! Ultime argument en faveur de cette hypothèse, la description de la scène d'ouverture de CONAN, LE BARBARE, telle qu'on la trouve dans "The Films of Arnold Schwarzenegger" (Citadel Press, 1993) de John L. Flynn :

     
 
  Le long métrage s'ouvre sur un plan de Conan (Schwarzenegger), roi d'Aquilonie âgé d'une soixantaine d'années, et sur un texte narratif récité hors-champ par le vieux Sorcier des Monticules (Mako).  
 
     
En résumé, le film aura donc successivement connu trois ouvertures différentes : narration de Schwarzenegger sur un plan du Roi Conan; narration de Mako sur un plan du Roi Conan; narration de Mako sur un écran noir. La première option a été abandonnée, on s'en doute, à cause du fort accent autrichien de Schwarzenegger. Mais pourquoi la seconde option n'a-t'elle pas été retenue? Sans doute les producteurs ont-ils pensé qu'ouvrir le film sur un plan d'un personnage (Conan) accompagné d'une voix off correspondant à un autre personnage (le Sorcier) risquait de dérouter les spectateurs... [8]

Dernière remarque : dans la novelization, l'histoire n'est racontée ni par Conan, ni par le sorcier, mais par un troisième personnage, visiblemment créé de toutes pièces par L. Sprague de Camp et Lin Carter pour l'occasion :

     
       


  Moi, Kallias de Shamar, entre tous mes confrères scribes d'Aquilonie, j'eus le privilège de recueillir des lèvres mêmes de mon souverain, Conan le Grand, le récit des vicissitudes et nobles aventures qui ont accompagné son chemin jusqu'à l'apogée de sa magnificence. Voici l'histoire telle qu'il me l'a racontée dans les derniers jours de son règne, alors que l'âge, quoique avec légèreté, avait étendu son ombre cruelle au-dessus de lui...


       
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